Menu du 100ème anniversaire, le 25 mars 1887
Allocution du Président,
Notre société rassemblée pour la centième fois depuis sa fondation a tenu de réunir pour cette circonstance le plus grand nombre possible des siens et je suis heureux de constater que beaucoup ont répondu à notre appel. Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
Il vous sera sans doute agréable d’avoir quelques détails sur la fondation et les actes de notre association pendant le siècle qui vient de s’écouler. Je vais chercher aussi brièvement que possible à vous satisfaire.
La société de famille dite “Caisse de Famille des Mermod” fut fondée le 24 mars 1787 par 14 de nos ancêtres dont voici les noms:
Mermod – Louis-Elie, feu Jean-François, assesseur consistorial
“ “ – Daniel, feu Jacob, dit ”à chez Maître Jacob”
“ “ – David, feu Jacob, Conseiller du temps des Bernois
“ “ – Henri, son frère
“ “ – Jérémie, feu Jean-François, cabaretier au Château
“ “ – François, son frère, meunier
“ “ – Daniel, feu David, dit “Bizon”
“ “ – Daniel, feu Jean-Pierre, des Praises
“ “ – Jérémie, feu Joseph, Banneret, de vers chez Jaccard
“ “ – Abram, feu François, Louis, dit “Laban”, des Praises
“ “ – Jacob, feu François, Louis, dit “ à chez Mangolet”
“ “ – Timothée, feu Daniel, dit “Villon”, Charpentier
“ “ – Joseph, feu Jérémie, dernier Curial, Notaire, membre du Grand Conseil
Un quinzième, Louis, feu Joseph, frère du Banneret se joignit à eux en 1793.
Nous tous ici présent descendons de ces 15 Fondateurs ou sommes entré dans leur famille par alliance.
Le but de nos ancêtres en formant leur association était de cimenter l’union qui régnait entre les Mermod d’alors : et nous pouvons constater avec satisfaction en vous voyant réunis nombreux dans ce jour que ce but continue a être réalisé même à un siècle du jour où il fut conçu.
Les Fondateurs, afin de donner un corps à leur association versèrent dans la bourse commune chacun 20 florins, soit frs 11,70 cette somme de frs. 163,80 devait pendant 30 ans s’accroitre des intérêts et de diverses contributions à l’occasion de mariages, baptêmes, installations des fils de sociétaires, emplois, charges publiques, achats d’immeubles, héritages, dons et legs, avant de pouvoir server au but à laquelle elle était destine pendant 30 ans, il ne fut donc distribué ni secours, ni dons, ni journées de sorte qu’en 1817, les frs.163.80 de 1787 étaient devenus frs. 1458 (livres anciennes : frs 1005,60 à ce moment 10 des Fondateurs avaient quitté ce monde, 4 vivaient encore).
La Société était forte de 31 membres, après avoir perdu depuis sa fondation 29 membres, dont 6 morts sur les champs de bataille de Russie ou d’Europe, victimes de l’insatiable ambition de Napoléon 1er
Des 1817 les Sociétaires sont libres d’assister où de ne pas assister à l’assemblée annuelle sans faire l’amende de 9 sols soit 44 cts. Prévu par le règlement. Par contre ils perçoivent une journée votée dans chaque assemble et qui ne peut dépasser 10 Batz (frs 1.45). cette journée fixée d’abord à 10 Batz en 1817,puis 1818,puis 1819 descend à 8 Batz en 1820 à 1827, à 6 Batz en 1828 pour atteindre 5 Batz en 1829; cette diminution que les Sociétaires s’imposèrent ars était une punition volontaire pour s’être laissé allé à jouer à la loterie dans l intérêt de la Société, en 1828 ils avaient décidé de tenter leur chance à la Loterie de Lausanne avec le lot No 137, tire par le Colonel Mermod sorti en 2ème classe, donnant un bénéfice de 5 Livres 5, soit frs.8.Ce lot fut alors remplacé par le No 753 payé pour ces dernières classes 30 Livres soit frs. 42,50. Ce No ne sortit pas ou sortit mal causant donc une perte sèche de frs 34,50, perte qui fut en partie comblée pour la Société par la diminution de la journée.
En 1830 les journées furent fixes à 10 Batz, cette taxe durera jusqu’en 1852 époque où les francs actuels succédèrent aux francs anciens de frs 1,45 introduits en 1847, qui eux remplaçaient les Livres de 1807, lesquelles succédaient aux Florins, monnaie usitée de 1787 à 1807. Notre Caisse a donc survécu à 3 systèmes monétaires et emploie actuellement ce 4ème depuis un siècle.
Les francs actuels ayant donc été crées, dès 1852 à ce jour, la journée a été fixé année après année à un franc, sauf en 1854 et 1855 où des mécontents regrettant l’ancienne journée de frs 1,45 réclamèrent et obtinrent frs 1,50, et en 1886 où les secrétaires renoncèrent à leur journée afin de contribuer par ce renoncement à la réussite du banquet qui nous réunit.
Le paiement de cette modeste journée a été certainement pour beaucoup dans la fréquentation de nos assemblées annuelles, en 1817, année où les secrétaires la perçurent pour la première fois, ils étaient venus 19 à l’Assemblée, l’an suivant pensant que la bonne aubaine de 1817 allait se renouveler, 31 sociétaires répondaient à l’appel.
Nous vous rappellerons la touchante unanimité avec laquelle le franc traditionnel est vote chaque 25 mars- et la discussion orageuse de l’an dernier.
Le total des journées payées de 1817 à 1887 s’élève à frs. 2778,65.
Dès 1820, les Sociétaires dont les pères avaient pendant 30 ans entassé avec abnégation jusqu’au dernier centime en faveur de leurs successeurs trouvèrent sans doute qu’il était pénible pour des gosiers altérés par la chaleur, la marche ou la discussion de travailler plus longtemps pour le bienêtre des Mermod à venir sans se rafraichir et dès ce jour suivant l expression des procès verbaux, il fut dépensé dans chaque assemblée quelques francs pour boire un coup.
D’abord les 28 à 29 membres présents furent modestes avec 4 à 5 Livres, ils apaisaient leur soif, cela faisait 25 à 30 centimes par personne, mais était-ce le vin qui renchérissait ou la soif qui augmentait car 10 Livres furent bientôt de rigueur pour un nombre à peu près égal de convives, c’est à dire 50 centimes par tête ou plutôt par gosier.
En 1884, est-ce un de vous Messieurs!, la chronique ne le dit pas, un Mermod quelconque trouva que le boire sans manger creuse terriblement l’estomac et proposa un supplément de pain et de fromage, il fut appuyé, l ‘on soupa donc d’abord à raison de 11 ½ batz ( 60 à 70 cts), puis 1 franc par tête, vin compris. Cette mode dura de 1844 à 1853 ; en 1854, le nombre de ceux qui préfèrent boire sec à boire en mangeant prévalu, et pendant 2 ans pin et fromage restèrent au garde manger.
Enfin en 1855, un innovateur proposa de Diner en famille et cette habitude a duré jusqu’à ce jour, Diner, vin compris coûta d’abord frs 1,30 par tête, mais ici comme dans beaucoup de cas le proverbe” l’appétit vient en mangeant” trouva sa place, ou bien les vivres avaient-ils renchéri, ou bien. Bref, frs 1.30, 1.40, 1.60, 1.80, puis frs 2, 2.20, ce qui fait qu’où serait-on allé si l’Assemblée de 1879, sur la proposition de son comité n’avait décidé que dorénavant le repas de famille ne devait plus couter plus de frs 2. Par tête, le menu vous le connaissez, soupe aux pois, tripes à la mode de Ste-Croix, rôti aux pommes, jambon, fromages et salade avec un demi litre de la Côte.
Les rafraichissements et repas pris en amitié de 1820 à 1886 représentent une somme de frs 2471.05
Frais d’Administration. Le salaire du Comité a comme le reste suivi pendant un certain temps une marche ascendante, dès 1824 les fonctions administratives se paient d’avance, £ivre 2, soit frs 2.90, puis frs 3.60, frs 5.80, frs 7.20, frs 11.50 pour retomber à frs 10.- en 1874 et pour cesser entièrement en 1882, sur proposition du Comité lui-même. Le Règlement de 1884 dit que dorénavant les fonction du Comité seront gratuites. De 1824 à 1882 la Société a payé frs 455.55 pour son administration, outre frs 72.15 pour frais de bureau, achats de registres, etc.
Impôts. L’Etat a prélevé sur notre Caisse dès 1864 à 1879 frs 90.65 d’impôts. Depuis cette année et ensuite de la nouvelle loi cantonale votée l’an dernier, nous avons de nouveau à payer l’impôt au fisc.
Pertes. Notre Société, elle aussi a su ce que c’est que de perdre, divers intérêts ne sont jamais rentrés, deux créances même ont été perdues, les frais engages pour essayer de faire rentrer l’une d’elle se sont montés à frs 47.35. La loterie nous a couté frs 34.50.
Charités. Le chapitre que nous aimerions à voir plus grand par rapport à d’autres qui le sont trop nous apprend que nous avons à tort peut être envoyé frs 280.80 à la Société des Incurables; que nous avons contribué à des oeuvres d’utilité publique, orgues au temple et infirmerie pour frs 70. enfin que nous avons, dès 1817 à 1876, remis à titre de secours seulement frs 1014.40 aux membres nécessiteux de la famille, soit au total frs 1365.20.
Sous le rapport des dons, nous aimons à constater que la Caisse devint de plus en plus généreuse et qu’elle a appris de donner depuis 1818, où le budget des dépenses indique un premier et seul don de frs 2.20. Mai vis ä vis des dépenses faites en famille nous devons rougir, voici les chiffres:
De 1817 à 1851, soit en 34 ans les secours ont été de frs 481 et les dépenses pour les journées, pour boire et manger de frs 1044.45.
De 1852 à 1875, soit en 24 ans, les secours ont été de frs 372 et les dépenses pour les journées, pour boire et manger de frs 2246.85.
De 1876 à 1886, soit en 11 ans, les secours ont été de frs 512.20 et les dépenses pour les journées, pour boire et manger de frs 1058.40.
Soit pour en l’espace de 69 ans, les secours ont été de frs 1365.20 et les dépenses pour les journées, pour boire et manger de frs 5249.70.
Espérons que dans l’avenir nous serons moins complaisant pour nous même et plus large pour les nôtres.
Voici un aperçu des Recettes.
Installations. De 1787 à 1793, les fils des sociétaires sont reçus membre effectif dès qu’ils ont 20 ans révolus; dès 1794 ils peuvent se faire inscrire dès qu’ils ont fait leur confession de foi; dès 1884 enfin, les garçons sont reçus dès qu’ils ont 16 ans révolus.
En 1794, Daniel Abram Mermod s’étant fait installé sans avoir communié est condamné à 10 batz (frs 1.50) d’amende. De 1788 à 1886, 137 fils de sociétaire se sont fait installer membres et ont verse de par ce fait frs 417 dans la Caisse de la famille, outre le pot de vin traditionnel.
De 1787 à 1793, la finance d’installation était de florins 2.20, (frs 1.45), de 1794 à 1883 de florins 5.-(soit frs 2.90) et dès 1884 de frs 5.-.
Notons qu’en 1796, Pierre David Mermod feu Joseph se présenta pour être reçu au rang des Fondateurs, mais qu’ayant refusé de payer le montant auquel il avait été taxé, la chronique ne dit pas combine, il fut éconduit.
Mariages. La contribution n’a pas variée de 1787 à 1884, année de la refonte de notre règlement, – frs 1.45 pour la première noce, pour celle-là on doit être généreux, frs 1.15 pour la seconde, dès lors frs 5.- pour la première et frs 4.- pour la seconde. De 1787 à 1886 il y a eu 95 mariages, à peu près un par an, 9 sociétaires se sont marries 2 fois, aucun 3 fois, ces 95 mariages ont augmenté notre actif de frs 131.65
16 sociétaires sont morts sans laisser d’héritier mâle ou n’en ont pas encore.
21 sociétaires ont eu un garçon
20 sociétaires ont eu deux garçons
18 sociétaires ont eu trois garçons
11 sociétaires ont eu quatre garçons
8 sociétaires ont eu cinq garçons
3 sociétaires ont eu six garçons
1 sociétaires a eu sept garçons
Baptêmes, pour les garçons seulement de 1787 à 1883 , 1 florin, puis 4 batz, puis 58 centimes ( sommes égales), puis 60 centimes, enfin frs 2.- dès 1884. Les sociétaires ont fait enregistrer 196 baptêmes de garçon de 1788 à 1886, soit 2 par an.
40 de ces enfants sont mort savant l’âge de 16 ans, les 10 années 1808-1817 ont été particulièrement néfastes, car sur 25 garçons inscrits, c’est à dire baptises, 17 sont mort savant 16 ans. Ces 196 baptêmes ont produits frs 118.30.
Les contributions pour éviter la corvée de Boursier u de Secrétaire, ont produit francs 90.50.Celles à l’occasion d’achats d’immeubles francs 460.35, celles à l’occasion d’héritages indirects francs 262.10.
Celles à l’occasion d’emploi publics n’ont produit que frs 42.40, nous espérons que la haute taxe votée en 1884 grossira ultérieurement ca maigre chapitre et que nous verrons sortir de nos rangs bon nombre de hauts dignitaires civils et militaires: autrefois nous pouvions nous honorer de posséder des syndics, préfets et colonels, la génération actuelle ne passe ni le grade de municipal, ni celui de capitaine, cela semblerait-il prouver une dégénérescence de la race ?
Les amendes par contre ont produit plus que les hautes promotions, frs 48.25 ce qui est peu flatteur.
Les dons et legs pendant le siècle passé – je fais abstraction de l’année du centenaire – ont été rares et peu brillants; en cent ans nous avons eu un seul legs, c’était en 1790, Jacob Mermod dit “à chez Mangolet”, un des Fondateurs léguait par testament à la caisse de la famille, espérant que son exemple serait suivi, le dit avait déjà la même année fait un don de florin3.9 soit environ 2 francs. Le don avec ceux que Philippe Mermod, feu le Juge nous a régulièrement fait parvenir depuis qu’il est à Genève, sont les seuls que nous ayons à enregistrer pendant tout un siècle. Nous sommes heureux de constater à l’occasion du centenaire un élan de générosité. Les fils de nos regrettés Sociétaires Jules Mermod feu le Juge, François feu le Juge, Georges feu le Juge, entre autres ont en mémoire de leur père fait des beaux dons à notre Société, espérons comme le disait déjà feu Jacob Mermod en 1790 que cet exemple sera suivi.
Les intérêts de nos capitaux forment le gros chiffre de nos recettes, il est intéressant de constater que toutes les contributions volontaires ou dues qui ne se montent qu’à frs. 1971.65 aient pu produire en un siècle frs 10184.- d’intérêts. Entre parenthèses, si les frs 163.80 – somme de la fondation de nos aïeux, eussent été place à la banque il y a un siècle, au taux de 5% et laissé jusqu’à ce jour, nous aurions actuellement un capital de frs 21549.70.
Et si notre capital actuel de frs 4490 était placé aujourd’hui à intérêts dans une banque sure, pour n’être delivré à nos descendants qu’au prochain centenaire, savez-vous combine leurs serait alors remis ? Non -. Et bien la bagatelle de frs 590.435.- mais quittons ces chiffres fantastiques et revenons à la réalité.
Les recettes totales du siècle sont les suivantes:
Fondation et réception ultérieure d’un Fondateur frs 179.80
Installations de 137 membres frs 417.-
Mariages de 95 Sociétaires frs 131.60
Baptêmes de 196 fils de Sociétaires frs 118.30
Dons et legs frs 41.35
Versements pour se racheter de diverses besognes frs 90.50
Versements au sujet d’achats d’immeubles frs 460.35
Versements au sujet d’héritages frs 262.10
Versements au sujet d’emplois publics frs 42.40
Amendes frs 48.25
Intérêts perçus frs 10184.-
Total des recettes frs 11975.65
Les dépenses du siècle sont:
De 1843 à 1876 Charités à la Société des Incurables frs 280.80
De 1817 à 1876 Charité aux membres de la famille frs 1014.40
Dons à des oeuvres d’utilité public :
Orgues: frs 30.-, Infirmerie: frs 40.- frs 70.-
1817-1886 Journées payées aux Sociétaires frs 2778.65
1820-1886 Dépenses pour boire et manger en famille frs 2471.05
1824-1881 Salaire du Comité frs 455.45
1787-1887 Pertes par la loterie, Intérêts, créances frais frs 252.45
1864-1879 Impôts à l’Etat frs 90.65
1887 Solde, soit fortune actuelle de la Société frs 4490.05
Balance frs 11975.65
En terminant, disons un mot de la fréquentation des Assemblées. Elle a varié entre 19 et 41 membres, la moyenne des 70 ans, de 1817 à 1886, est de 33 membres. Le nombre actuel des membres vivants est de 54. E doyen de la Société est Daniel-François Mermod, de Jean-Pierre., né en 1805, le plus jeune est son petit fils.
Nous avons des Sociétaires établis aux Etats-Unis, au Chili, en Algérie, en Russie, en Italie, mais la plu part demeurent en Suisse et sont restés fidèles à Sainte-Croix, où nos ancêtres venus de Savoie se fixèrent il y a à peu près 7 siècles, et dont ils construisirent les premières maisons près de la Sainte-Croix de la Villette. Avant de m’asseoir, je vous invite à vous levez tous en honneur de nos ancêtres et à vider vos verres en leur mémoire.
Le président: Philippe Mermod