200ème anniversaire, le 28 mars 1987
Allocution du Président
Nous sommes réunis en cette soirée du 28 mars 1987 cette dans cette magnifique salle du Grand Hôtel des Rasses, pour célébrer le 200e anniversaire de la Caisse de Famille Mermod et pour évoquer, avec émotion, le souvenir de ces quinze chefs de famille Mermod, nos ancêtres, réunis il y a 200 ans pour conclure un pacte de famille en vue de cimenter l’union qui existait déjà entre eux. Pour matérialiser ce pacte, ils convinrent de faire le versement de 200 florins chacun, au bénéfice d’un fonds de secours commun dont les intérêts viendraient par la suite secourir ceux ces membres qui seraient tombés dans une situation difficile.
D’après ce que je peux personnellement connaître des Mermod, je leurs vois un caractère plutôt individualiste, ainsi qu’une juste et sévère appréciation de la valeur de l’argent. N’oublions pas que l’argent était rare à l’époque: 200 florins représentaient alors une somme considérable que nos ancêtres ne pouvaient pas réunir en quelques semaines. Aussi convinrent-ils de verser un acompte et pour le solde, d’être frappés d’un intérêt annuel de 5 % ; et cela jusqu’à extinction totale de leurs dettes. Ceci démontre le sérieux et la détermination de nos ancêtres.
La situation économique n’avait guère évolué depuis 1536, date de la conquête du Pays de Vaud par Berne, et les Mermod d’alors étaient en général paysan ou alors des artisants, charpentier, meunier, maçon, vivant pratiquement en autarcie. Ils étaient établis dans la contrée depuis de nombreuses années, les comptes de la Châtelleries de Savoie, déposés aux archives Royales de Turin, ancienne capitale des Etats de Savoie, prouvent le paiement d’une cense de 13 Sols et un Denier par Péronnet Mermod, en l’année 1478. Il est cependant difficile de remonter plus haut dans le temps, les archives n’existant plus. C’est à travers tous ces Mermod, qui siècle après siècle, génération après génération se succédèrent pour parvenir jusqu’à nous, que j’ai le plaisir et l’honneur de saluer nos invités :
Monsieur Bernard Ferrari, Syndic de la commune d’origine des Mermod ; Monsieur le Syndic, je vous remercie d’être des nôtres pour cette soirée anniversaire et souhaite que vous ayez quelques plaisirs en compagnie des Mermod.
C’est dans le même esprit que je salue les représentants des caisses de famille voisines et amies : Mademoiselle Chloruida Campiche pour la Caisse des Campiche , Monsieur Jules Jaccard pour la Fondation des Jaccard, Monsieur Jean-Paul Jaccard pour la Caisse des Jaccard et Monsieur Robert Gueissaz pour la Caisse des Gueissaz.
C’est pour moi un grand plaisir de vous accueillir ce soir, les hasards de la génétique l’eussent-ils voulu, qu’ils eussent pu me placer parmi vous, mon grand-père maternel était Campiche et avait épousé une demoiselle Jaccard. Les unions de familles aux noms bien de chez nous étaient courantes au temps des familles nombreuses, et où les patronymes Jaccard, Bornand, Bissat,Campiche, Gueissaz,Junod, Mermod étaient la généralité.
Je veux saluer maintenant des anciens membres du Comité de notre caisse de famille : le président Jean-Pierre qui fut, avec notre secrétaire Philippe et notre vice-président Francis, le premier organisateur de notre fête, puis notre président Auguste, malheureusement absent ce soir pour raisons de santé ; Auguste s’est toujours pleinement dévoué pour la cause de notre caisse . Je veux également salué avec émotion le souvenir de nos précédents secrétaire et présidents de décédés : j’ai nommé André, Félix et Herman Mermod qui se dévouèrent de nombreuses années durant pour la cause de notre caisse de famille et qui furent des citoyens ô combien actifs et soucieux du développement de notre contrée.
Je salue bien entendu tous les membres présents, ceci pour la deuxième fois, ayant déjà eu l’occasion de le faire lors de notre assemblée. J’adresse des vœux particuliers à ce qui, la mort dans l’âme, ont été empêchés de se joindre à nous du fait de maladie. Je veux remercier les membres du comité et plus particulièrement notre secrétaire Philippe, qui dans la tradition de sa famille, consacre beaucoup de temps et de talent à notre caisse : au nom de chacun, merci Philippe. Et si c’est en dernier que je m’adresse à vous, Mesdames, vous me le pardonnerez aisément sachant que vous occupez la première place dans nos cœurs.
Je me propose maintenant de retracer quelques étapes historique de notre contrée, formée du Vallon de l’Arnon dans sa partie sud est et de la Noiraigue venant du plateau des Granges dans sa partie nord Ouest. Les premiers vestiges d’habitat recensés dans notre région datent de la Préhistoire, fin de l’âge de la pierre taillée, début de l’âge de la pierre polie, que l’on peut si situer à quelques 5000 ans avant Jésus-Christ. Une des grottes des gorges de Covattanaz, dite grotte de la grande poule, explorée par le savant Bonstetten , révéla la présence des vestiges provenant de cette époque, puis de celle plus récente de l’âge du bronze, à savoir: foyer avec cendres et charbon de bois, ossements d’ours et de lynx, diverses pointes en pierre taillée ou polie, éléments de poterie et d’autres vestiges encore comme le bois de cerf sculpté déposé par Monsieur Bonstetten au musée de Berne.
Un autre abri sous roche, situé à proximité de la cure de Baulmes est actuellement en cours de recensement. Il ne me viendrait pas l’esprit de désigner cette étape comme étant à l’origine de notre famille, il n’en reste pas moins que notre région fut parcourue et habitée dès l’époque préhistorique. Ces premiers habitants étaient nomades, il se déplaçaient par tribus, selon les saisons, suivant les migrations du gibier, qui ne l’oublions pas, représentait à la fois le garde manger et le garde robe. À cette époque déjà, le Vallon de l’Arnon, le Col des Etroits, puis le défilé du Franc-Castel étaient le passage naturel par lequel transitaient les animaux, tout d’abord y traçant leur piste, puis les hommes ensuite élargissant le sillon. Cette évocation de passage ne devait que s’affirmer et se développer par la suite.
Puis le climat devient clément, la végétation évolue, le nomade deviennent sédentaires, se fixent aux abords des lacs et des cours d’eau, y construisent des abris en bois, pratiquent l’élevage du bétail ,fait ses premières expériences dans la culture de la terre,confectionnent des outils,des armes, des instruments ménagers, des vêtements, des bijoux et cela à partir de Pierre puis de ses mains de lin et des Guits de lin et d’argile, de bronze et de faire. Ses activités artisanales conduisait des gens à échanger leur surplus comme des biens qu’ils ne produisent pas et en provenance de région de plus en plus éloigné ; c’est la naissance du commerce, tout d’abord sous forme de trop , La monnaie d’intervenants que bien plus tard comme intermédiaire et comme valeurs déterminants des échanges.
Le trafic, le pédestre devient hippomobile et demande la construction de routes permettant le passage de charges tractées par des boeufs ou des chevaux. Pour notre région, c’est l’origine de la route surplombant les Gorges de l’Arnon. Les vestiges de cette époque nous été restitués par l’exploration des cumulus, sépulture de pierre et de terre formant d’imposants monticules, recouvrant les dépouilles des morts que les Celtes avaient coutume d’y inhumer, accompagnées de leurs armes, bijoux ainsi que de différents ustensiles. De très nombreux tumulus se situent dans la région s’étendant entre Vuiteboeufet Baulmes dans le bois de la Tour.
Les nomades améliorèrent et développèrent le réseau des routes construites préalablement par les Celtes. Le vallon de l’Arnon voit sa vocation de lieu de passage se développer. Les routes qui, par le Grand Saint- Bernard relie Rome aux garnisons sisent en Helvétie, franchissent ensuite le Jura soit par Balaigues et Jougnes, soit par Vuitebœuf, Col des Etroits, Pontarlier, poursuivant par Besançon, le nord de la France, jusqu’en Angleterre. C’est dire qu’à l’époque romaine notre région était le témoin d’un trafic considérable, transitant d’Angleterre en France, puis par l’Helvétie jusqu’à Rome. Qui dit route, dit relais, auberges, garnisons de soldats chargés de diriger les travaux d’entretien et de surveillance du trafic. Pour notre région, sans cependant que des vestiges nous en aient donné la preuve, il n’est pas utopique de penser que des relais aient pu se situer à la Grange de la Côte, à La Villette et au bas du village.
La décadence de l’empire romain ouvre alors la voie à l’invasion barbare. Ce furent d’abord des bandes de guerriers Allamands, vivant de rapines et de pillages, les Bourgondes, peuple christianisé venu de l’Est, qui se fixent en Helvétie en assimilant la civilisation romaine.
Vient alors sur la période du Moyen Âge, caractérisée par le pouvoir clérical, tant spirituel que temporel, par la multitude de nobles locaux se retranchant dans un château fort, pour se défendre des attaques de princes voisins ou venus d’ailleurs, ainsi que pour rançonner Evoyageurs et marchands. Pour notre région : château de Grandson contrôlant le vallon de l’Arnon , avec ses châteaux du bois de la Tour entre Vuiteboeuf et Baulmes, celui de la Mothe, de Champvent et de Sainte-Croix. De l’autre côté du col des Etroits, les Châlons construisent le château du Franc-castel, pour se défendre d’une attaque pouvant parvenir du pays deVaud, et aussi pour rançonner le trafic des marchandises. En l’an 650 déjà, des moines s’établissent dans la région de Beaulmes : ils y fondent un couvent ; ces moines explorent et défrichent la région. Ces moines explorent et défrichent la région. Ils parviennent à la Villette, y construisent une chapelle ainsi qu’une imposante croix : la Sainte-Croix de la Villette est vraisemblablement à l’origine du nom de Sainte-Croix, qui petit à petit, par hameaux successifs, allait se construire le long de la route qui pars vers chez Jaccard conduisait au bas du village, à la rue du Jura, la charmilles, la rue centrale, la place Dupont, la rue du Tyrol et le col des Etroits. A vrai dire cette première partie du Moyen Âge n’a laissé que peu de traces. Les premiers écrits officiels concernant notre région date de 1177 et parle de Sainte-Croix au sujet d’une donation faite par Huon de Grandson à l’abbaye du lac de Joux
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Pour le pays de Vaud, la deuxième moitié du Moyen Âge est marquée par la domination de la Savoie, qui contrôlait la route conduisant de Villeneuve à Ballaigues, puis par Jougnes à Pontarlier ; il est naturel que la maison de Savoie et privilégié ce tronçon au détriment du tronçon passant par Vuitebœuf et Sainte-Croix, alors contrôlé par la maison de Grandson. Puis ce furent les guerres entre la Bourgogne et la Suisse des huit cantons, les batailles de Grandson et de Morat qui virent la défaite de Charles le Téméraire. La ville de Genève ayant appelé les Bernois à l’aide, et ceux-ci trouvant le pays de Vaud à leur goût, ils en font une province bernoise.
Les Bernois organisent le pays de Vaud par baillages ; curieusement, Sainte-Croix qui jusqu’alors était contrôlé par Grandson, est rattaché au baillage d’Yverdon. Les Bernois bannissent le culte catholique en imposant la religion réformée. Leurs domination s’étant de 1536 à 1798, date de la création de la république Lémanique par Napoléon. La population de notre région regrettera publiquement le départ des Bernois, ce qui peut s’expliquer par le fait que l’administration bernoise taxait légèrement les paysants de montagne. C’est donc encore sous la domination Bernoise, en 1787, que nos 15 membres fondateurs se réunissent pour créer notre caisse de famille dans le double but :
– de cimenter la compréhension et la concorde entre Mermod
– d’apporter aide à ceux d’entres eux qui du fait de circonstances défavorables se trouveraient dans une situation délicate.
Je veux terminer à m’adressant à vous, jeunes Mermod : vous avez la chance de vivre votre jeunesse dans une période en pleine mutation, et où les avancées de la technique sont de chaque instant. Imprégnez-vous des inventions nouvelles ; faites tout pour les maîtriser et vous serez alors à l’aise dans ce XXIe siècle qui est à notre porte. Avec tout l’avenir qui est devant vous, vous avez la chance d’avoir un passé, relateé année après année dans les grands livres de notre Caisse de Famille. Lorsque, à votre tour, vous aurez la responsabilité de sa conduite, sachez maintenir son esprit et sachez à votre tour la remettre intacte à vos enfants.
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